Comment apprivoiser sa peur des hauteurs

L’acrophobie est la peur des hauteurs.

Pour comprendre cette peur, il faut prendre conscience que ce n’est pas la sensation de vertige qui est en cause, mais plutôt la peur de cette sensation. Ce texte fait la description de différentes applications des techniques d’hypnose clinique et d’autohypnose permettant d’apprivoiser et de surmonter cette sensation. Ces techniques facilitent l’émergence d’un état d’esprit permettant d’approfondir le contact avec soi-même et d’entrer en pleine conscience. L’hypnose permet de prendre conscience de ses perceptions et sensations pour pouvoir les accepter, les régulariser, les maitriser.

Briser la croyance

Comme dans bien des phobies, ce n’est pas le stimulus, mais bien les perceptions de ce stimulus et les représentations associées qui déclenchent l’excès d’émotion et conduisent à la panique.

En prenant la décision consciente et résolue d’accepter ces perceptions, nous pouvons progresser dans la bonne direction. C’est ce que l’état d’hypnose nous permet de faire, en augmentant notre capacité à faire une prise de conscience, ce qu’on appelle aussi « insight ».

Pour arriver à cette prise de conscience, il nous faut méthodiquement « déconstruire » nos croyances irrationnelles et catastrophiques pour assainir nos représentations. Par exemple, imaginons une voie étroite d’une quinzaine de centimètre surplombant un mur de granit de 300 mètres.

Aller vous pouvoir marcher sur cette corniche étroite? Les pensées catastrophiques pourront être :

  • « Je vais glisser et tomber »,
  • « un morceau de granit va se détacher et m’entrainer dans le vide »,
  • « un nuage va surgir et un éclair va me foudroyer »,
  • « un aigle va m’attaquer »,
  • « un tremblement de terre va me projeter dans le vide ».

Si ces propositions ou suppositions flottent « librement » dans votre champ de conscience, sans analyse critique, sans examen rationnel, vous vous condamnez vous-même. Pour réussir à surmonter votre peur, il vous faut simplement accepter de briser ces croyances automatiques et irrationnelles, qui tiennent plus de la superstition. Est-ce rationnel de croire qu’un aigle peut vous attaquer à cette altitude ?

Quelle sont les probabilités d’un tremblement de terre, ou celle d’un éclair en plein soleil de juillet, ou celle qu’un granit immuable et millénaires puisse se désintégrer sous vos pas ?

Vous pourriez peut-être glisser, mais vous êtes assuré par un câble et des mousquetons pouvant supporter le poids d’une sous-compacte. La seule question qui mérite réflexion à ce stade, c’est pourquoi enfermer votre champ de conscience avec de telles superstitions aussi irrationnelles.

 Accepter la sensation de vertige

 Après avoir mis de l’ordre et nettoyé votre conscience de certaines de vos croyances irrationnelles, vous devez développer une tolérance aux stimuli.

C’est dans ce domaine que les techniques d’hypnose trouvent leur utilité et leur valeur. Le véritable « fer de lance » de la méthode hypnotique réside justement dans sa capacité à catalyser les ressources de la personne pour lui permettre d’accéder à une pleine conscience sur le plan perceptuel.

Dans le cas de l’acrophobie, il s’agit d’accepter, d’adopter, d’intégrer les sensations de vertiges, les perceptions de vide, et autres sensations qui accompagnent généralement l’alpinisme et la randonnée en montagne à haute altitude. Il est crucial d’accepter et d’apprivoiser ces sensations et perceptions comme autant de perception neutre sans association à des émotions négatives ou à des peurs.

 

Comment pourrait-on utiliser l’état hypnotique?

Dans le but d’accepter ou de développer une tolérance aux perceptions phobogènes, l’hypnose peut être utilisée pour aider le patient à visualiser ou revivre les scènes de hauteur.

Le script pourra guider la personne à accepter les sensations de vertiges, les réactions émotions. L’accompagnement thérapeutique pourra aider la personne à développer des stratégies d’adaptation, mais surtout d’acceptation de la réaction émotive. Le psychothérapeute pourra aider la personne à accueillir ses sensations, sans essayer de les contrôler, mais plutôt en les laissant passer en lui « comme on laisse passer les nuages dans le ciel ».

Le lâcher prise et la détente restent au cœur de la démarche hypnotique. On pourra prescrire des exercices de visualisation répétés, mais surtout de développer une capacité à l’autohypnose. En fin de traitement, on pourra simuler une situation de « grimpe » dans tous ses détails, et demander à la personne de nous raconter, en phase de postvention, comment ses dérouler l’évènement.

Généralement, les techniques hypnotiques sont efficaces car elles permettent une exposition « virtuelle » en imagination. Un psychologue compétent pourra intégrer efficacement l’hypnose dans son plan de traitement psychothérapeutique.

Dr Coté, Psychologue à Montréal

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